Elsa Gaudin, audioprothésiste chez Amplifon dans la région d’Angers et rattachée au réseau Expertise Enfant, est partie en mai pour la première fois en mission humanitaire de 3 semaines avec l’association Enfants Sourds du Cambodge.
« J’avais envie de faire une mission humanitaire depuis que je suis étudiante. Pour moi, c’est vraiment l’expérience qui nous rappelle pourquoi on fait notre métier.
C’est en arrivant chez Amplifon que j’ai entendu parler d’Enfants Sourds du Cambodge. Je leur ai envoyé un mail, tout simplement. C’était pendant le covid, donc leurs activités étaient en stand-by… Mais l’équipe m’a ensuite recontactée en décembre 2021 pour la mission qui devait avoir lieu en janvier. Celle-ci a finalement été décalée à fin mai et nous avons pu enfin partir. »
« Il faut savoir que l’association est très bien organisée. Elle organise des missions depuis plus de 20 ans. C’est très rassurant, surtout pour quelqu’un qui part pour la première fois au bout du monde, avec des gens qu’elle ne connait pas.
L’association nous prépare avec le planning (quel jour, quelle ville, quelle école, la liste des jeunes à voir). Ils nous envoient aussi du matériel à prendre avec nous. Moi j’ai emmené de la pate à empreinte et une chaine de mesure qu’Amplifon a donné. Ça prenait un peu de place dans la valise ! Mais l’objectif est d’apporter le plus de matériel possible. Chacun part donc avec 30 à 40kg de bagages. »
« Non, je ne connaissais personne. Nous étions 4 sur 14 à venir pour la première fois. Les autres se connaissaient déjà, soit depuis très longtemps parce qu’ils sont membres depuis le début, soit parce qu’ils avaient déjà fait une ou deux missions.
Du coup, moi, j’ai réellement rencontré toute l’équipe à Phnom Penh. On a appris à se connaitre au fil des jours et des soirées passées ensemble. Que de belles rencontres ! »
« On est arrivé à Phnom Penh le matin. Je n’avais pas trop dormi dans l’avion donc j’étais un peu fatiguée.
Le deuxième jour, nous sommes arrivés à l’école de Phnom Penh et là c’était parti. Le matin j’étais un peu perdue : tout le monde s’activait pour mettre en place des malles qui étaient stockées à l’école et le matériel qu’on avait apporté. Il fallait installer les différents pôles : le pôle rencontre avec les enfants, le pôle réglage d’appareil (on est en binôme d’audioprothésistes, avec chacun son ordinateur). Il fallait aussi donner du matériel pour la salle d’audiométrie et celle où l’on fait les embouts : ce sont des espaces qui sont déjà en place et gérés par les Cambodgiens.
Chacun a un rôle. Un journaliste qui nous a rendu visite a écrit : « j’ai l’impression d’être dans une ruche. Chacun sait où il va et ce qu’il a à faire ». C’est tellement rodé, même les profs et les enfants savent : d’abord on va voir Jean-Paul, après on va au réglage puis en audiométrie. Chaque enfant a sa fiche sur laquelle sont notées les étapes.
J’ai dû m’insérer dans toute cette organisation mais au final c’est le métier d’audioprothésiste donc ça vient vite. »
« On commence assez tôt le matin à cause de la chaleur. Pendant la journée, on essayait de faire le plus possible car souvent on changeait de ville, d’école le lendemain. Il ne fallait pas qu’il reste une dizaine d’enfants qu’on n’avait pas vu car la prochaine mission n’est prévue que l’année prochaine. Beaucoup d’enfants n’avaient pas été vu depuis longtemps. On a eu beaucoup d’appareils à livrer pour la première fois ou à renouveler.
En trois semaines, on a suivi plus de 500 enfants et visité 5 écoles différentes. »
« La mission était largement à la hauteur de ce que j’espérais. Psychologiquement j’ai eu l’impression d’avoir été transportée d’un monde à l’autre. J’avais l’impression de ne pas faire le même boulot, alors qu’en fait si !
C’est une expérience intense. C’est plein de gens, d’enfants rencontrés.
Je ne m’attendais peut-être pas à quelque chose d’aussi intense avec un rythme aussi soutenu. Par contre, c’était un bonheur d’appareiller des enfants qui n’ont jamais entendu, de le voir sur leur visage. Il y a même des jeunes qui reviennent à toutes les missions, qui sont contents car on peut changer leur appareil défectueux. En plus les enfants étaient tellement gentils et sages. En France, je suis 2-3 enfants en ce moment et ce n’est pas toujours la même patience ! »
« L’association fait une mission tous les 6 mois. La mission 39 est prévue pour janvier 2023.
Je ne ferai pas celle-ci. En revanche j’aimerais beaucoup repartir. Rien que pour revoir les enfants, voir où nous en sommes. Ce sont que des belles rencontres, des volontaires qui font ça pour le plaisir, sur leurs jours de congés perso. »