Ça croque, pétille, croustille. Ça dore, ça frit, ça cuit. À la lecture de ces mots, votre cerveau vous a sûrement déjà remémoré l’image et le goût de vos mets préférés. Nos cinq sens ont chacun leur rôle dans notre appréciation de la nourriture… et oui, l’ouïe aussi !
Et l’ouïe, alors, dans tout ça ?
Lorsqu’une carotte croque ou qu’un feuilleté croustille délicatement, c’est en partie à notre ouïe que nous devons l’appréciation de la texture. En se combinant à notre odorat, ce sont aussi nos oreilles qui nous font saliver au son d’une pomme de terre qui frit ou d’une pièce de viande qui dore sur une poêle. Mais il y a un autre facteur auditif qui a un très gros impact sur notre appréciation d’un repas : l’environnement sonore dans lequel nous nous trouvons.
Imaginez-vous un instant en train de dîner avec vos amis dans un restaurant bondé. Non seulement il est bondé mais la pièce fait caisse de résonance ! Vous n’entendez pas vos proches et êtes obligés de crier pour vous faire comprendre. Imaginez-vous maintenant dans un restaurant aux murs et à la décoration feutrée, avec une douce musique d’ambiance, de celles qu’on entend juste assez pour les oublier ! Quelques groupes discutent à voix basse çà et là, vous avez la tête pleinement concentrée sur votre famille et votre repas. A votre avis, trouverez-vous la nourriture meilleure dans le premier cas, ou le second ?
C’est Charles Spence, professeur et docteur en psychologie expérimentale à Oxford, qui a mené une étude sur 34 personnes — ce qui est assez peu pour que les résultats ne soient pas équivoques — pour prouver que l’environnement sonore avait un impact direct sur notre goût. Il est même allé jusqu’à affirmer que certaines musiques donneraient un goût plus salé, amer ou sucré aux aliments.
Ce qui est certain, c’est qu’étant incapables de fermer nos oreilles, plus nos sens - et donc notre cerveau - sont sollicités, moins nous sommes focalisés et attentifs à chacun d’entre eux. Et si vous voulez faire l’expérience, choisissez un aliment de votre choix et goûtez-le plusieurs fois en mettant des musiques aux sonorités et rythmes différents !
Lorsque l’on parle de son et d’alimentation, on ne peut pas s’empêcher de penser au bruit de mastication qui donne de véritables frissons d’angoisse à certains d’entre nous. Sachez que cette réaction épidermique peut être liée à une pathologie bien identifiée : la misophonie. A l’écoute de certains sons produits par d’autres individus comme la respiration, des bruits de gorge ou de mastication, les personnes atteintes de misophonie peuvent avoir des réactions émotionnelles disproportionnées, un rythme cardiaque accéléré et quelques sueurs. Morale de cet article : qui dit bon appétit dit bonne compagnie !