De la vingtaine à la soixantaine, on vibre parfois sur des rythmes bien différents. Pourtant, cette chanson sur laquelle nous avons dansé notre premier slow nous colle littéralement à la peau. Parmi nos goûts musicaux il y a des tendances qui changent, d’autres qui restent, et nous ne sommes jamais à l’abri de nouveaux coups de cœur fulgurants. Alors, dans le fond, qu’est-ce qui définit vraiment nos goûts musicaux ?
Des frissons, des larmes, de la mélancolie, de la joie, du mouvement… autant de réactions physiques et émotionnelles qui peuvent être déclenchées à la simple écoute d’une chanson. De nombreuses expériences menées par des neuroscientifiques nous permettent d’affirmer que la musique stimule quasiment toutes nos aires cérébrales et y provoque des réactions chimiques. Elle nous fait sécréter différentes hormones comme l’adrénaline, la noradrénaline ou encore la dopamine (appelée hormone du bonheur ou du plaisir). Elle agit également sur le rythme cardiaque, la tension artérielle ou encore la fréquence respiratoire. Tout comme la drogue ou le sexe, la musique peut nous transporter dans des états physiques et psychologiques intenses… et peut nous rendre accro à certains genres musicaux.
Si la musique a autant d’influence sur notre corps, pourquoi certains genres musicaux nous parlent plus que d’autres ? Tout d’abord, il est important de mentionner que nos goûts musicaux résultent d’un apprentissage. Apprentissage qui opère notamment avec l’écoute à répétition de certaines mélodies. Publiée en 2022, l’étude The music of silence: Part II: music listening induce imagery responses nous apprend que, sans nous en rendre compte, nous passons notre temps à prédire la prochaine note de chacune des chansons que nous écoutons. Le fait d’avoir bien ou mal prédit les notes provoque une sorte de note “d’erreur de prédiction” qui engendre soit de la frustration, soit de la satisfaction à notre cerveau. En définitive, plus un genre musical nous est familier, plus il nous est prédictible et donc plus il nous est agréable de l’écouter.
La mémoire individuelle a elle aussi un grand impact. Interrogée par Le Figaro, Laura Ferreri, chercheuse et maître de conférences en psychologie cognitive à l’Université Lumière Lyon 2 explique : “La musique a une très forte faculté à stimuler notre mémoire. Lorsque nous entendons une chanson, elle nous rappelle le contexte associé. [...] La capacité de la musique à susciter des émotions active notre mémoire épisodique et nous fait revivre ces émotions.” Avec un impact particulier pour les musiques écoutées pendant notre jeunesse, au moment précis où nous affirmons nos goûts musicaux.
En 2022, une étude réalisée par une équipe de l’université de Cambridge et conduite par David Greenberg, docteur en psychologie et musicien, publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology affirme que nos goûts musicaux sont en lien avec nos traits de personnalité. Les chercheurs on fait écouter 23 genres différents de musiques dites “occidentales” à 350 000 personnes vivant dans 53 pays différents, en leur faisant remplir un questionnaire pour auto-évaluer leur caractère à partir de cinq traits principaux : l’ouverture, la conscience, l’amabilité, le névrotisme et l’extraversion. Ils en sont venus à la conclusion suivante : les affinités musicales réunissent des personnes aux traits de caractère communs, qu’importe leur âge, leur origine, leur langue ou leur lieu de résidence. Si l’on en doutait, cette étude permet d’affirmer le fait que la musique est un vecteur puissant de lien social, d’échange et de partage.
En plus de ces différents facteurs déterminants, nous pouvons ajouter la culture, l'ethnie, l’éducation, les goûts musicaux de nos parents et des personnes qui nous entourent au quotidien, l’appartenance à une classe ou un groupe social… Bref, les explications sont multiples mais apportent toutes la même conclusion : la musique a un puissant impact sur chacun d’entre nous !